Goûter aux métiers de la restauration? Ils ont osé, ils ont aimé. Lara Gabioud, 23ans, et Arnaud Schonenberger, 18 ans, ont choisi le quotidien mouvementé mais stimulant des coulisses de la gastronomie. En troisième année de formation, respectivement en cuisine et en salle, ils ne regrettent rien. Les deux jeunes pousses s’épanouissent dans le terreau fertile de l’emblématique Café de la Place, à Plan les-Ouates (GE), sous la houlette du chef Vincenzo De Rosa et de sa femme Cristina. Deux apprentis, deux professions, un seul but: créer du bonheur. À table!
Le cœur à l’ouvrage
À dix heures, les casseroles tintent. L’ambiance est à la concentration. Braiser la sucrine, former des tuiles: manipulations et techniques s’enchaînent. Lara, apprentie cuisinière, a les joues rosies par l’effort. Oui, le métier est physique. Mais quand elle évoque son rapport à l’art culinaire, aucun doute, celle qui avait entamé un cursus universitaire a enfin trouvé sa voie: «La meilleure cuisine vient du cœur, c’est celle qui rassemble», pétille la jeune Italo-Suisse. La même générosité anime Arnaud, apprenti spécialiste en restauration depuis ses 15 ans, âge auquel on imagine pourtant mal travailler pendant que les copains s’amusent. «J’avais envie de bouger et de me sentir utile. Faire plaisir, voilà ce qui me motive», explique le jeune homme. Ses quinze kilomètres quotidiens commencent par le nettoyage et la mise en place de la salle. Pour tenir la distance, Arnaud et Lara s’appuient sur le soutien et la reconnaissance de leur deuxième famille. Car dans la mécanique bien huilée de la brigade, les apprentis ne comptent pas pour du beurre. «Nous avons besoin les uns des autres et nous confions aux apprentis un travail gratifiant à la hauteur de leur motivation», estime Vincenzo De Rosa.
Show devant
Quand les premiers clients arrivent, Arnaud entre en scène. Son rôle? Tout faire pour qu’ils passent un bon moment. «Chaque service est une représentation. Je laisse mes soucis au vestiaire et j’enfile mon plus beau costume», assure le jeune talent. Ce qu’il préfère? Conseiller les vins et faire découvrir des trésors régionaux. Côté fourneaux, Lara assemble les préparations du matin «un peu comme un puzzle» et réalise des cuissons minute sous l’œil vigilant du chef. «Mon plus grand défi est la gestion du temps», concède l’apprentie. Tandis qu’elle manie les ustensiles et les goûts avec soin, son coéquipier déploie son sens de l’hospitalité et de la diplomatie, sans oublier sa connaissance des produits. Toute l’équipe travaille de concert pour un service sans fausse note. «On anticipe au maximum. Mais jongler avec les imprévus, c’est aussi ça, la beauté du métier», sourit Arnaud. Le soir, ils remettront le couvert avec le même entrain. Après l’obtention de leur CFC, les deux jeunes projettent de partir à l’étranger, l’un pour parfaire l’indispensable anglais, l’autre pour découvrir la cuisine japonaise. Âmes passionnées, ils entendent expérimenter la diversité qu’offre leur domaine. Et un jour, pourquoi pas, ouvrir leur propre écrin de bonheur.