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La formation duale connaît une grande popularité, mais de manière moins marquée dans les cantons latins.
La Suisse championne du monde du nombre d’apprentis en entreprise
24.11.2022 | 09:50
Près de six jeunes sur dix choisissent l’apprentissage dual à la fin de la scolarité obligatoire. Mais la situation est contrastée en Suisse.
PATRICK MARTIN
La Suisse championne du monde! Pour le Mondial de foot, il faudra attendre encore un peu pour le savoir (on peut rêver). Mais en matière de formation duale, nous le sommes! Aucun autre pays ne compte autant d’apprentis suivant une formation duale (la majeure partie du temps au travail en entreprise et un ou deux jours dans une école professionnelle). En Suisse, près de 60% des jeunes en formation suivent ce type d’apprentissage. C’est ce qu’indique une étude de la Haute École fédérale en formation professionnelle (HEFP) parue la semaine passée qui compare les résultats au niveau européen. Les chercheurs et chercheuses de l’Observatoire suisse de la formation professionnelle rattaché à la HEFP ont montré que nulle part ailleurs la formation professionnelle duale n’est restée aussi forte que dans notre pays et la séparation entre la formation professionnelle et la formation académique aussi nette. Longtemps montrée en exemple, l’Allemagne a vu ces dernières années la formation duale perdre du terrain au profit de la formation générale en école parmi les jeunes. Outre-Rhin, la proportion des apprentis est passée en dessous de la barre des 50% et ceux en formation duale représentent à peine 40% des jeunes en formation. Autre pays proche de la Suisse il y a trente ans dans ce domaine, l’Autriche voit la proportion des jeunes en apprentissage rester à un niveau supérieur à la Suisse, à quasi 70%, mais seuls 33% font un apprentissage dual. Le modèle de formation en école professionnelle à plein temps a par contre pris un grand essor. La formation duale en Suisse a pu rester forte en particulier de par l’importante implication des entreprises dans le partenariat entre les autorités, les écoles, les entreprises formatrices et les associations professionnelles par branche, avancent les auteurs de l’étude. Toutefois, la situation n’est pas homogène en Suisse. La plupart des cantons alémaniques ont pu maintenir une forte proportion d’apprentissage dual (le plus souvent supérieure à 60% des jeunes en formation) alors que les cantons latins ont vu la formation gymnasiale et la formation professionnelle en école à plein temps prendre toujours plus d’importance.

Vaud et Genève à la traîne
Dans le canton de Genève, la part d’apprentissage dual est la plus faible de Suisse. À peine plus d’un jeune sur cinq choisit cette voie. La proportion des apprentis qui suivent une formation en école à plein temps est à peine moins élevée. La proportion des apprentissages en entreprise est plus haute dans le canton de Vaud, à environ 40%, mais reste faible en comparaison nationale. Lors du Salon des métiers et de la formation qui s’est tenu la semaine dernière à Lausanne, le conseiller d’État vaudois Frédéric Borloz, à la tête du Département de la formation, a annoncé une série de mesures visant à promouvoir la formation duale. Parmi elles figure un relais entreprise pour mettre en relation des jeunes en quête d’une entreprise formatrice avec les patrons à la recherche d’un apprenti. Tous les élèves de l’école obligatoire suivront les périodes d’approche du monde professionnel, y compris ceux de la voie prégymnasiale. Parmi les points forts de la formation duale mis en avant par les scientifiques de la HEFP se trouve la grande proximité des apprentis suivant cette voie avec la pratique et le marché du travail. En corollaire, les chercheurs mettent en avant le très faible pourcentage de jeunes ne trouvant pas un emploi à la fin de leur formation professionnelle. Autre satisfaction des chercheurs et chercheuses: le nombre très élevé de jeunes de moins de 25 ans ayant achevé une formation, quelle qu’elle soit: en Suisse, 91% d’entre eux sont au bénéfice d’un diplôme de formation professionnelle ou d’une haute école, un taux très élevé en comparaison internationale. À noter que les cantons où la proportion de jeunes en apprentissage dual est la plus élevée sont aussi ceux qui ont un taux de certification (tous diplômes confondus) supérieur. Il est quasi de 100% dans certains cantons de Suisse centrale ou orientale alors qu’il ne dépasse pas 90% dans les cantons romands.

Des défis à relever
Mais tout n’est pas aisé dans la formation en Suisse, en particulier dans la formation professionnelle. L’apprentissage dual demande des efforts constants d’adaptation en fonction de l’évolution du marché du travail, des avancées technologiques et des changements de la société en général, relèvent les auteurs de l’étude.
Laurent Buschini