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Depuis deux ans, le Canton de Genève offre une bourse d’études aux personnes contraintes de se reconvertir professionnellement.
Soutenir le passage de la reconversion professionnelle
07.07.2022 | 10:00
À Genève, une bourse de reconversion professionnelle permet de faire le pas, sans limite d’âge. Témoignages.

Depuis 2020,leCanton de Genève offre une bourse d’études aux personnes contraintes de se reconvertir professionnellement. La conjoncture économique, l’évolution structurelle du marché de l’emploi sont en effervescence et les parcours de formations sont moins linéaires. «Offrir la possibilité de se former et se reconvertir sans limite d’âge devient la réponse à l’évolution des métiers, explique Ciro Candia, directeur du Service des bourses et prêts d’études (SBPE). Le projet doit toutefois être nécessaire, motivé et bien réfléchi par la personne qui effectue la demande de bourse. Sans oublier que le nouveau domaine visé doit être porteur d’emplois, comme l’enseignement, la santé ou le social.» 

 

Se reconstruire

Bon élève, Sébastien Waeger décroche à l’âge de 20 ans, en 2010, son bachelor d’ingénieur en chimie de la HEIA-FR, à Fribourg. À cette période, le domaine se trouve sinistré en Suisse romande. Le Genevois saisit l’occasion d’entrer dans une entreprise de chimie, mais pour un emploi en logistique. Sur le terrain et au contact des autres, l’ingénieur fait carrière avec aisance pendant neuf ans dans un domaine qui n’est pas le sien et pour lequel il n’est pas certifié. Mais, alors que le jeune project manager s’occupe de projets d’envergure mondiale, il est terrassé par un burn-out. Passé par la case chômage, il se consacre au bénévolat pendant la pandémie. «J’ai découvert une vocation pour le travail social, qui a modifié mon regard sur le monde du travail: accompagner les gens dans le besoin devient une force», s’enthousiasme-t-il. Ce n’est qu’en deuxième année de bachelor à la HETS (Haute École de travail social)qu’il entend parler de la bourse de reconversion. Il entreprend les démarches. Et l’obtient.

 

Pour l’histoire

Laetizia (prénom d’emprunt) commence par obtenir son CFC de gestionnaire de commerce de détail, suivi d’une maturité professionnelle commerciale. Au fil des années, le métier se transforme au point de l’en détourner et de la faire envisager un changement de cap. Elle entreprend la passerelle DUBS, puis un bachelor en histoire, à l’Université de Genève. «J’ai obtenu la bourse de reconversion pour un semestre uniquement. Une aide financière arrivée à point nommé dans ma période d’études», se rappelle l’étudiante actuellement en master, qui vise l’enseignement et la recherche.

 

Plus d’investissement

Pendant plus de vingt-cinq ans, Sylvia Jagdeep, comédienne, administre différentes compagnies des arts de la scène, sans formation spécifique. La compagnie de danse contemporaine qu’elle gérait en 2020 (basée sur des spectacles à l’international) s’arrête brutalement de fonctionner: Covid-19 oblige. Cela la pousse au changement: «J’avais envie depuis toujours de m’occuper des autres, de m’investir personnellement, de trouver du sens à mon travail», confie cette mère d’adolescents qui se lance alors dans des études, sans parachute financier. Après une équivalence de maturité à ses frais, elle vit une première année forcenée où elle enchaîne les modules complémentaires du domaine de la santé lui permettant de commencer le bachelor de sage-femme à la HEdS. La nouvelle loi concernant la bourse de reconversion entre alors en vigueur, elle obtient enfin l’aide financière. Pour Sylvia Jagdeep, la suite est heureuse: «J’ai encore de belles années pour travailler dans ce métier extraordinaire.» Pari gagnant!

Eliane Schneider