Sur les bancs du collège, Gwendal Frieder ne tient plus en place. Son horloge intérieure sonne la fin de son expérience gymnasiale au beau milieu de sa troisième année. Le design horloger l’attire. Il tente et réussit son entrée à l’école d’horlogerie «pour comprendre avant tout le fonctionnement d’une montre», se souvient le jeune homme de 21 ans, aujourd’hui en quatrième année d’apprentissage d’horlogerrhabilleur à l’École d’horlogerie de Genève.
La bonne posture
Déjà aguerri à la cadence des études,GwendalFrieder conjugue aisément son apprentissage CFC avec une maturité professionnelle intégrée. Mais c’est à l’atelier qu’il s’épanouit. «On commence par fabriquer nos propres outils. On acquiert de la dextérité au fil des exercices, jusqu’à réaliser entièrement une montre, de la plus grosse pièce à la plus petite qui se mesure en micron.» La posture à l’établi s’apprend aussi: comment positionner ses genoux en angle droit afin d’éviter les problèmes musculaires, détendre ses bras lors de pauses régulières, etc. Quant au silence monacal qu’on imagine volontiers au sein de l’atelier, il n’en est rien, ou presque: «Certains maîtres autorisent à écouter de la musique, d’autres non. Mais le travail d’atelier est basé sur l’apprentissage par les pairs. On se déplace donc beaucoup, on discute, en respectant un certain niveau de décibels.»
Pile au bon endroit
En deuxième année, un concours ouvert à tous les apprentis horlogers permet de sélectionner ceux qui souhaitent accéder à une quatrième année de formation. «C’est une année de plus pour apprendre le SAV, la pendulerie et la montre-école, réalisée à partir de pièces brutes que l’on agence et décore afin que tout fonctionne et soit beau», explique Gwendal Frieder. Ainsi, en troisième année, les apprentis se dédient à la partie fonctionnelle de la montre, alors qu’en dernière année l’effort se concentre sur la décoration. «Les quatre années sont passées si vite, je n’ai pas vu le temps filer, s’étonne le futur horloger. Je cumule même des heures supplémentaires pour approfondir ma technique en décoration. D’ailleurs, j’apprécie tellement de travailler à l’atelier que j’ai pensé un temps me former en bijouterie. Mais j’ai maintenant un autre plan de carrière: travailler chez A. Lange&Söhne, une entreprise située dans le nord-est de l’Allemagne. J’adorerais y acquérir de nouvelles compétences, puis revenir en Suisse dans l’objectif final de créer ma propre marque.» Encore très minoritaires, les filles s’intéressent pourtant de plus en plus à l’horlogerie, du moins lors des portes ouvertes de l’école. Gageons que cet intérêt timide se muera en vocation lorsque l’école aura emménagé dans ses locaux flambant neufs à Plan-les-Ouates.