À la croisée de la créativité, de la technique et de l’innovation, le bois s’invite dans notre quotidien. Dans nos forêts, nos habitations, nos vêtements en fibres de cellulose (le lyocell) ou en modal (tissu élaboré à partir de bois de hêtre), vivant ou transformé, ses déclinaisons sont infinies. Les possibilités en termes d’emploi le sont tout autant: «Plus de 80’000 personnes travaillent dans le secteur en Suisse, indique Philippe Nicollier, président de la section vaudoise de Lignum, association qui promeut le bois suisse dans tous ses états et utilisations. Grâce à la recherche et à l’innovation, ce matériau permet une kyrielle d’applications en phase avec les préoccupations environnementales actuelles.» Dans cette optique, Lignum Genève organise plusieurs manifestations en 2022 pour lever le voile sur la panoplie de ses utilisations et mettre en lumière les professionnels du secteur. Ingénieur ou ébéniste, forestier bûcheron, luthier et charpentier, entre autres, poursuivent un but: donner au bois une seconde vie, la plus longue possible. Trois professionnels de la construction partagent leurs expériences. Témoignages.
Calculer, choisir
Romain Longo est ingénieur en construction bois au sein du bureau d’études vaudois Arpente Ingénierie. Il est d’abord passé par la filière HES en Génie civil, puis a décroché un master au Centre des hautes études de la construction, section bois. Son activité? «Dessiner et calculer des structures en amont de la construction, tenir compte des différentes exigences et contraintes d’origine fonctionnelle ou naturelle: influences de l’environnement, du climat, propriétés des matériaux, etc.», indique Romain. Pour résumer, c’est lui qui définit les solutions pour la construction d’une structure viable ou la réhabilitation, voire la surélévation de bâtiments. «C’est beaucoup de dessin et de calcul. Je dois faire les bons choix: définir le type de bois, les dimensions, les découpes et fournir des données pour que le charpentier fabrique et pose la structure», précise l’ingénieur.
Planifier, deviser
Titulaire d’une maîtrise fédérale en ébénisterie, Agnès Favre a gravi les échelons au fil des années. C’est elle qui gère les projets au sein de l’Ébénisterie Denis Schneeberger. «J’interviens après une demande d’un client, explique la maître ébéniste. Je m’occupe de la partie technique: calcul de la matière et des heures pour la fabrication en atelier et la pose, faire les devis et les plans, choisir les matériaux entre autres.» C’est donc elle qui organise en amont la fabrication et le travail en équipe, les contraintes d’approvisionnement et de livraison. Par la clarté de ses explications, elle fournit aux collaborateurs de l’atelier les bases pour le travail manuel. «La partie technique terminée, j’aime qu’on comprenne mes plans, mes indications et qu’en suite, tout fonctionne sans moi!»
Fabriquer, monter
Océane Christophel est ébéniste. À partir d’un plan conçu par sa cheffe de projet, Agnès Favre, elle réalise le travail. «Cette profession vieille comme le monde ne cesse de se mettre au goût du jour, commente la jeune femme. L’arrivée des machines à commande numérique dans les ateliers a permis d’augmenter notre efficience. Toutefois, sans la maîtrise des outils conventionnels, il est impossible de travailler correctement. C’est la tête qui permet de réaliser un travail correct, la machine n’est qu’une marionnette!» Débiter, calibrer, encoller, plaquer, affleurer, border les chants et poncer: à chaque étape, ses compétences. «Chaque journée est différente, complète la professionnelle. Le travail du bois, c’est finalement la rencontre de la poésie du matériau avec l’art des calculs de proportion et d’esthétique.» Océane, à n’en pas douter, fera flèche de tout bois pour parvenir à son but: décrocher le brevet fédéral de contremaître.