Les dirigeants sortent quasi tous du même moule
23.03.2023 | 14:30
Une vingtaine de sociétés, surtout d’audit, forment les cadres de la majorité des plus grandes sociétés de la planète, relève une étude.
Une large majorité des dirigeants des plus grandes entreprises dans le monde ont suivi un parcours professionnel très semblable. Ces responsables, CEO, CFO et autres cadres de haut rang ont tous, à un moment de leur carrière, passé par certaines sociétés qui jouent le rôle de tremplin de carrière. C’est ce que révèle une étude menée conjointement par des chercheurs de l’Université de Lausanne et de deux instituts danois, la Business School de Copenhague et l’Université de Roskilde. L’étude a été publiée dans la revue «Global Networks». Que les grands capitaines d’entreprises multinationales se connaissent et partagent des idées de management communes est connu. Des études ont déjà montré leurs liens en examinant la composition des conseils d’administration. L’étude helvético-danoise choisit une autre approche. Les chercheurs ont relevé le parcours professionnel complet de 16’500 dirigeants et hauts cadres de 1366 entreprises listées dans le classement Forbes des plus grandes sociétés de la planète. Il apparaît que certaines d’entre elles voient passer un grand nombre de ces dirigeants. En particulier au début de leur carrière, lorsqu’ils sont formés à un style de management.
20 entreprises centrales
L’étude montre que les entreprises les plus rayonnantes sont les sociétés de conseil et d’audit. Les banques, notamment les deux grands établissements suisses, UBS et Crédit Suisse, sont aussi au centre du réseau des carrières. Enfin, les grands conglomérats de biens de consommations étasuniens, comme General Electric ou Procter & Gamble, jouent aussi ce rôle. Les chercheurs constatent que 20 sociétés ont une place déterminante. Elles ont d’anciens employés actifs dans 81% des 1366 entreprises considérées dans l’étude. La championne est Price Waterhouse Cooper. L’entreprise de conseil et d’audit a employé, à un moment de leur carrière, 456 dirigeants actuels. Mieux : d’anciens cadres de la société sont actifs dans 1055 des 1366 sociétés prises en compte dans l’étude. Comment expliquer une telle importance pour un si petit nombre d’entreprises? « Ces sociétés ont une politique de recrutement qui commence dans les universités les plus prestigieuses du monde, explique Félix Bühlmann, professeur de sociologie à l’UNIL et coauteur de l’étude. Elles veulent montrer qu’elles recrutent les meilleurs jeunes de l’élite. Cela justifie aussi les prix élevés de leurs services.» Le fait que l’on trouve d’anciens employés des sociétés d’audit dans de nombreuses sociétés internationales fait partie d’une politique, assure le professeur de l’UNIL. «C’est une stratégie délibérée de placement des anciens employés dans des entreprises clientes. Ces sociétés sont plus importantes que les autres. Leurs collaborateurs ont des compétences dans les fusions et acquisitions, dans la financiarisation des entreprises. Ces dernières recherchent leurs compétences. Ils ont un savoir-faire, un prestige supérieur.» Félix Bühlmann note que peu de dirigeants viennent du secteur industriel. «Les dirigeants à la tête de groupes industriels ne donnent pas de signaux favorables en dehors de leur domaine d’activité.»
Même façon de penser
Les personnes qui ont le même parcours professionnel se reconnaissent entre elles, relève Félix Bühlmann. «Leur socialisation est commune. Le mimétisme va au delà des méthodes de management. Ils ont un même style de vie, s’habillent et se présentent de la même manière. Ils ont une même façon de penser. Leur priorité va aux valeurs de l’actionnariat, aux techniques d’optimisation fiscale, et pas au bien-être des employés ou à l’éthique, par exemple,
20 entreprises centrales
L’étude montre que les entreprises les plus rayonnantes sont les sociétés de conseil et d’audit. Les banques, notamment les deux grands établissements suisses, UBS et Crédit Suisse, sont aussi au centre du réseau des carrières. Enfin, les grands conglomérats de biens de consommations étasuniens, comme General Electric ou Procter & Gamble, jouent aussi ce rôle. Les chercheurs constatent que 20 sociétés ont une place déterminante. Elles ont d’anciens employés actifs dans 81% des 1366 entreprises considérées dans l’étude. La championne est Price Waterhouse Cooper. L’entreprise de conseil et d’audit a employé, à un moment de leur carrière, 456 dirigeants actuels. Mieux : d’anciens cadres de la société sont actifs dans 1055 des 1366 sociétés prises en compte dans l’étude. Comment expliquer une telle importance pour un si petit nombre d’entreprises? « Ces sociétés ont une politique de recrutement qui commence dans les universités les plus prestigieuses du monde, explique Félix Bühlmann, professeur de sociologie à l’UNIL et coauteur de l’étude. Elles veulent montrer qu’elles recrutent les meilleurs jeunes de l’élite. Cela justifie aussi les prix élevés de leurs services.» Le fait que l’on trouve d’anciens employés des sociétés d’audit dans de nombreuses sociétés internationales fait partie d’une politique, assure le professeur de l’UNIL. «C’est une stratégie délibérée de placement des anciens employés dans des entreprises clientes. Ces sociétés sont plus importantes que les autres. Leurs collaborateurs ont des compétences dans les fusions et acquisitions, dans la financiarisation des entreprises. Ces dernières recherchent leurs compétences. Ils ont un savoir-faire, un prestige supérieur.» Félix Bühlmann note que peu de dirigeants viennent du secteur industriel. «Les dirigeants à la tête de groupes industriels ne donnent pas de signaux favorables en dehors de leur domaine d’activité.»
Même façon de penser
Les personnes qui ont le même parcours professionnel se reconnaissent entre elles, relève Félix Bühlmann. «Leur socialisation est commune. Le mimétisme va au delà des méthodes de management. Ils ont un même style de vie, s’habillent et se présentent de la même manière. Ils ont une même façon de penser. Leur priorité va aux valeurs de l’actionnariat, aux techniques d’optimisation fiscale, et pas au bien-être des employés ou à l’éthique, par exemple,