Le Festival de Cannes, qui se tient en ce moment et décernera ses palmes samedi, ne donne pas le la qu’en matière de cinéma. Pour ce qui est du travail temporaire, le plus grand festival de la planète donne aussi la tendance. Des manutentionnaires pour le montage et le démontage de nombreuses installations aux hôtesses d’accueil pour la tenue de stands et la distribution de différents produits, les emplois temporaires sont nombreux sur la Croisette au mois de mai. En Suisse aussi, le travail temporaire à la cote lors des grands événements. Le Cirque du Soleil, qui pose son chapiteau à Genève samedi prochain jusqu’au 3 juillet a signé un partenariat avec la société Coople, plateforme consacrée aux emplois temporaires présente dans plusieurs pays européens. Plus de cent places de travail sont proposées durant ces cinq semaines de représentations. Là aussi par exemple pour aider au montage et au démontage des structures. Différents emplois, parfois inattendus, sont nécessaires pour le spectacle. «Trouver autant de profils différents sur une période si courte est un vrai défi, que seule une structure de placement agile, dynamique et innovatrice est en mesure de relever», a déclaré Simon Vogel, directeur régional de Coople pour la Suisse romande, cité dans un communiqué. La recherche sera équivalente outre-Sarine, lorsque le cirque québécois ira à Zurich du 20 septembre au 23 octobre. «Il y a tant d’opportunités sur le marché du travail en ce moment, se réjouit Simon Vogel. Nous les mettons à disposition en temps réel sur notre plateforme. Les employés recherchent toujours plus aujourd’hui: une liberté professionnelle, de la flexibilité et de l’originalité, ce que nous sommes à mêmes de leur proposer. Grâce à notre réseau et notre solution digitale, nous pouvons répondre aux besoins d’entreprises de grande envergure de manière qualitative et rapide.» Le besoin de recrutement existe dans de nombreux secteurs, en particulier l’informatique, l’hôtellerie et la restauration. «À ce stade, on ne constate pas de recul de la demande», indique Jan Jacob, interrogé par l’ATS, qui a repris les rênes de Manpower Suisse au début de l’année.
Tendance haussière
Le directeur général avertit toutefois: «Nous pourrions assister à un recul pour les placements fixes auprès des entreprises d’ici à quelques semaines.» Mais pour le placement temporaire, la tendance devrait demeurer à la hausse, d’autant que les incertitudes conjoncturelles liées au conflit en Ukraine et aux problèmes d’approvisionnement dans de nombreux secteurs industriels incitent les entreprises à la prudence. «La flexibilité, c’est ce que le client achète», souligne Jan Jacob. C’est surtout les mesures prises en Chine qui pourraient perturber les activités des entreprises en Suisse. «Plusieurs clients du secteur de la construction ont dû suspendre des chantiers en attendant l’arrivée de matériaux en retard en raison des problèmes de logistique», explique Jan Jacob au cours d’un entretien accordé à AWP. Les pénuries de main-d’œuvre touchent tous les secteurs. L’informatique est très sollicitée, notamment pour la lutte contre la cybercriminalité, l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine. «C’est la folie, on ne trouve personne», s’exclame le directeur général de Manpower. L’hôtellerie et la restauration ne sont pas en reste, tout comme les professions artisanales telles que les électriciens et menuisiers, mais également l’horlogerie. Cette tendance se traduit par une inflation au niveau des salaires et une baisse des exigences au niveau des qualifications des candidats. «Le lac dans lequel nous pêchons est toujours le même, et y attraper les poissons demande davantage d’efforts», illustre Jan Jacob.
Attentes des candidats
«En l’espace de deux ou trois ans, les critères des candidats ont énormément évolué, constate le directeur de Manpower. Ils sont très attentifs à une foule de critères impensables il y a quelques années encore: durabilité, responsabilité sociale, égalité des chances, réputation, valeurs, possibilité de télétravailler, etc.» Outre le recrutement, il convient de fidéliser les candidats en misant sur leur formation, de sorte qu’ils puissent rester compétitifs. Manpower entend développer ses solutions de replacement externe. «Car mettre les gens à la porte n’est souvent plus une option», explique Jan Jacob. Signe de la croissance des affaires, Manpower Suisse a recruté une quarantaine de personnes depuis le début de l’année, pour des effectifs totaux d’environ 350 personnes.