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Des jeunes s’exercent à des gestes professionnels dans le cadre d’un Zoom métiers consacré au domaine de la santé
«Il faut soigner les métiers de la santé»
09.03.2023 | 16:00
Trop peu de jeunes s’intéressent aux métiers de la santé alors que le besoin en personnel qualifié est immense.
LE 28 GENEVE SANTE-SOCIALE
Question d’image, répercussion de la crise sanitaire, manque de reconnaissance ou évolution du rapport au travail, les métiers de la santé souffrent. Ils offrent pourtant de nombreuses perspectives et une employabilité élevée. L’analyse de Dominique Roulin, directrice du Centre 28 Genève santé-social (lire l’encadré). Les métiers de la santé peinent à recruter. Pourquoi, selon vous? Ce sont des professions assez difficiles, tant au niveau physique que psychologique, qui souffrent d’un déficit d’image, surtout depuis la crise du Covid-19. Mais le phénomène de la pénurie s’étend à d’autres domaines désormais. Les jeunes en formation ont plusieurs opportunités d’emploi, la concurrence est forte. C’est une situation qu’on observe dans de nombreux pays de l’OCDE. Les décideurs rivalisent d’ingéniosité pour aller recruter des professionnels toujours plus loin. Mais, à terme, ce n’est pas une solution durable. Les apprentissages d’aide en soins et accompagnement (ASA) et d’assistant en soins et santé communautaire (ASSC) sont de moins en moins prisés. Pourquoi? La reconnaissance de ces métiers issus de la formation professionnelle est encore fragile, bien que nous ayons pris conscience lors de la crise sanitaire du rôle indispensable de ces professions. L’AFP (ndlr: attestation fédérale de formation professionnelle) d’ASA, à cheval entre le social et la santé, est l’une des AFP les plus importantes en Suisse et c’est un véritable tremplin vers d’autres formations (CFC notamment). Beaucoup de personnes issues de la migration entrent dans ces voies de formation. Mais il pourrait y en avoir davantage encore. Là aussi, il y a un travail à faire sur l’image. Ce sont des métiers de rencontres, de transmission, riches d’échanges, qui ouvrent l’esprit et ont du sens. Mais ceux qui en parlent le mieux sont les patients qu’on ne questionne jamais. On doit davantage raconter et rendre visibles les belles histoires autour de ces métiers en insistant sur les multiples possibilités d’évolution. Pourrait-on envisager d’engager en formation professionnelle des jeunes dès la sortie du Cycle d’orientation (CO)? Certains employeurs engagent déjà des ASE(ndlr: assistant socio-éducatif) ou ASSC dès l’âge de 16 ans, même si ce n’est pas courant pour des raisons légales. La confrontation au corps demande une certaine maturité personnelle. Par contre, les formations professionnelles du domaine dentaire ou du laboratoire ouvrent déjà leurs portes aux jeunes qui sortent du CO. Quelles sont les perspectives de formation à la fin de ces apprentissages? Pour les ASA, on peut rejoindre le CFC d’ASSC en voie raccourcie en deux ans, ce qui est intéressant. Et un CFC d’ASSC ouvre la porte au monde des Écoles supérieures, notamment les techniciens en salle d’opération(TSO) où la pénurie est très forte. Une Maturité professionnelle permet, quant à elle, de rejoindre les filières HES. L’employabilité pour tous ces métiers est excellente. Les adultes peuvent-ils également se qualifier? Par quel moyen? Les adultes se qualifient par le biais de la VAE (ndlr: validation des acquis de l’expérience), en parcours complet ou partiel. Genève est pionnier en la matière et a beaucoup développé la formation pour adultes ces dernières années. Plus de la moitié des apprenants à l’association OrTra sont des adultes. Plusieurs dispositifs de formation, comme la pré qualification, existent aussi et constituent une bonne manière pour des personnes peu formées de mettre le pied à l’étrier et se lancer dans ces domaines. La procédure de qualification par examen final renforce l’image et l’attractivité de ces formations, aussi pour les employeurs qui ont la certitude que ces formations pour adultes sont aussi exigeantes que pour les apprentis en dual. Tout un travail reste aussi à faire pour développer la formation continue ainsi que la formation professionnelle supérieure, notamment les brevets fédéraux. C’est un champ qui mériterait qu’on y consacre davantage d’efforts.
Iris Mizrahi