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La société se complexifie et se numérise, et l’écrit devient nécessaire pour des actions du quotidien.
Les adultes encouragés à se former gratuitement dans les compétences de base
22.09.2022 | 16:00
La campagne fédérale «Simplement Mieux» valorise l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, des mathématiques élémentaires et de l’informatique.
SEFRI
Selon l’Office fédéral des statistiques, plus de 16% de la population suisse âgée entre 16 et 65 ans est concernée par l’illettrisme, soit quelque 80’000 personnes à Genève et 128’000 dans le canton de Vaud. Une personne sur dix ne maîtrise pas les compétences de mathématiques suffisantes pour la vie quotidienne. Et un quart de notre population ne possède pas ou peu de connaissances de base dans le domaine numérique. La campagne «Simplement Mieux» vise justement à sensibiliser les adultes ne maîtrisant pas suffisamment ces connaissances de base ainsi que leur entourage familial et professionnel.

Vie quotidienne
Les compétences de base sont indispensables pour participer activement à la vie sociale, culturelle et professionnelle. «Les personnes concernées, qu’on trouve souvent en emploi non qualifié, ne progressent pas par crainte qu’on découvre leurs faiblesses. À l’aise à l’oral, elles mettent en place des stratégies personnelles d’évitement, mais elles sont rattrapées aujourd’hui par le numérique lié à tous les domaines du quotidien. Même lors d’entretien d’embauche, avec les tests-métiers informatisés», précise Dao Nguyen, directrice du Service de la formation continue, à l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) de Genève.

Oser parler
«Les gens arrivent souvent dans notre association à un moment clé (divorce, scolarisation des enfants, changement d’emploi, etc.) qui les confronte à des difficultés dans leur quotidien, explique Silvia Frei, directrice de l’Association Lire et Écrire, section Genève. L’entrée en formation est motivée par le besoin de gérer l’administration auparavant prise en charge par un conjoint ou de comprendre les messages de l’école des enfants. La complexification et la numérisation de la société augmentent aussi les exigences, et l’écrit devient nécessaire pour des actions du quotidien.» Venant d’Espagne et arrivée en Suisse à 12 ans, Antonia Chaillet est sortie de l’école vaudoise avec d’importantes lacunes. Paradoxalement, elle travaille dans une institution de formation pour adultes. Après toutes les parades pour dissimuler ses faiblesses (dictaphone pour transcrire l’oral à l’écrit, aide de son mari pour les démarches administratives, soutien scolaire pour les devoirs des enfants, etc.), elle finit par franchir la porte de Lire et Écrire. «Si je n’ai pas eu la possibilité d’apprendre, j’ai le courage d’y remédier», affirme celle qui devient même la fierté de ses enfants. Soutenue par son entourage, Antonia continuera les cours après sa retraite toute proche, car ils représentent son indépendance et la confiance en soi: «Quel bien-être!» Maria Teresa Pessoa ne dira pas le contraire. Comprise et poussée par sa famille et ses amis, elle prend son avenir professionnel à bras-le-corps: «J’ai envie de progresser et l’énergie pour le faire, assure l’actuelle assistante parentale à domicile. Après ces cours de base, je vise une formation professionnelle d’auxiliaire de santé, qui me permettra enfin de me qualifier.»

Tremplin professionnel
Sujet à des difficultés scolaires, le jeune Dylan Rosset quitte l’école sans maîtrise des compétences de base. Il découvre Lire et Écrire dans une émission TV et ose franchir le seuil de la classe (la boule au ventre) pour des cours d’essai. «Rien à voir avec les railleries scolaires auxquelles j’étais habitué: je me suis senti à l’aise dans le groupe, respecté et très vite motivé!» Grâce à sa démarche active, Dylan a pu décrocher une place d’apprentissage de boulanger pâtissier-confiseur AFP, qu’il terminera en juin prochain. «J’ai transformé ma peur scolaire en force d’apprendre et je me sens à l’aise sur les rails de la formation professionnelle.»
Eliane Schneider